S’exprimer du Fantastique dans la Fotographie s’avère souvent contradictoire, puisque sur une image photographique est, en principe, imprimé uniquement ce qui est réel, ce qui se définit par sa substance matérielle, ce que l’on parvient à voir ou que l’on pourrait avoir vu si l’on était présents sur le lieu et le temps de sa prise de vue. La conscience seule que ce que l’on regarde constitue une photo impose un lien étroit entre la scène photographiée et sa représentation photographique.C’est ainsi que les scènes dans la série «Performances», malgré la mise à l’épreuve de notre perception du monde, nous obligent de les assimiler comme une réalité telle quelle. Il s’agit pourtant d’une réalité différente. Du coup on s’aperçoit que tout ce que l’on visualise peut ne pas être réel, mais pour autant, le discours de la photographie est tellement convaincant qui nous entraîne à les transposer dans un monde différent, voire merveilleux. Douze nageuses suivent un récital de piano au bord de la mer et un peu plus loin cinq accordéonistes, enveloppés dans des sacs plastiques, jouent leur propre musique, alors qu’un photographe guide son chien à un porté acrobatique. Des scènes pareilles sont perçues comme une partie d’une pièce de théâtre. Autrement dit l’ instauration d’ une convention théâtralisée qui nous permet d’interpréter la gestuelle, les actions et les paroles se vérifie dans les «Performances». Les mises en scène de Dimitris Gavalas, dotées de cohésion nous invitent à la quête de leur sens profond dans un espace délimitant les rêveries et les fantômes de leur auteur.
Costis Antoniadis Professeur de photographie, commissaire d’expositions